Faire respirer sa maison

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Des murs respirants
Une maison bien conçue est une maison saine, dont l’air ambiant n’est ni trop humide ni trop sec. Cela paraît simple, mais on est souvent loin des critères minimum de confort. Le chauffage est généralement à mettre en cause, mais pas seulement. L’éco-habitat préconise des murs « respirants » ou « perspirants», mais concrètement ?
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Atelier d'architectureZoom

« Si votre maison ne souffre pas de problèmes d'humidité, les coûts de réfection totale des murs ne seront pas en rapport avec le bien-être apporté. D'un autre côté, l'utilisation de matériaux respirants peut assainir un mur, mais pas forcément résoudre tous les problèmes d'humidité de la maison, dont il faut d'abord identifier les sources. » Les maisons construites ou rénovées ces 30 dernières années le sont généralement avec des matériaux étanches : enduits à base de ciment, pare-vapeur en polyane, isolants réfléchissants... elles sont souvent sujettes à des désordres liés à l'humidité. « Pour assainir un mur humide de condensation, la première chose à faire est de remettre à nu le mur porteur et d'user de matériaux respirants, une fois le mur sec. Il faut aussi revoir le système de ventilation et étudier le chauffage. Des travaux assez conséquents... mais qui peuvent changer la qualité de vie intérieure et générer des économies d'énergie ! »

Qu'est-ce qu'on risque ?

L'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur est formel : l'air de nos maisons est plus pollué à l'intérieur qu'il n'est à l'extérieur. Formaldéhyde, benzène, radon... ces pollutions proviennent des produits ménagers, des colles utilisées dans la décoration et le mobilier, des matériaux de construction, du radon, du tabac et... des moisissures. Pas moins de 40 % des logements français seraient sujets aux moisissures. Ces organismes porteurs de spores pénètrent dans un logement (par le système de ventilation, par les ouvertures naturelles, les personnes, les animaux, les plantes...), puis se déposent sur les matériaux. Les habitants inhalent alors les composés organiques volatils (Cov) rejetés par les moisissures, ce qui peut entraîner une irritation des muqueuses, une rhinite, mais aussi, plus grave, une crise d'asthme, une hypersensibilité pulmonaire, ou une infection toxique. La forte humidité, liée à des infiltrations d'eau, un dégât des eaux récent ou la présence de gouttelettes d'eau sur les murs, est un facteur important. Les autres facteurs (chauffage, ventilation) n'ont pas encore été analysés par le CSTB à ce jour.

Respirez !

Principe de base de l'éco-habitat, le principe de parois perspirantes garantit un air sain, d'hygrométrie stable, agréable à vivre et garant de la pérennité du bâtiment. Que vous ayez choisi l'ossature bois, le panneau massif, le bois empilé, la brique de terre cuite, terre crue, le béton cellulaire, la paille..., les murs respirants fonctionnent automatiquement, n'exigent aucune énergie et durent la vie du bâtiment, et peuvent filtrer les polluants particulaires, gazeux et autres aéroportés de l'air entrant sous réserve d'une mise en oeuvre dans les règles de l'art. Les ponts thermiques et l'étanchéité au vent doivent naturellement être traités pour permettre aux parois d'assurer la régularisation en air, eau et vapeur d'eau à l'intérieur de la maison. Par contre, un bon système constructif ne dispense pas de ventiler, ni de réduire l'humidité à la source ! Donc évitez le séchage du linge dans la maison, en cas de sèche-linge (préférez un système à évacuation plutôt qu'à condensation), assurer une bonne ventilation de la salle de bains après une douche ou un bain, pensez aux couvercles lors de la cuisson, et installez une hotte aspirante à évacuation extérieure (plutôt que filtrante, même si c'est une perte de chaleur), etc.

Les mesures du phénomène

En France :

Le DTU français pour l'ossature bois (DTU 31.2) ne prend pas en compte les exigences des murs perméables à la migration de vapeur (vapeur d'eau et d'autres gaz comme le CO2, les COV, etc).

Il stipule que le matériau utilisé en pare-vapeur doit avoir une perméance ≤ 0,005 g/m2.h.mmHg soit une valeur Sd ≥ 18 m.

Les mesures :

π : coefficient de perméabilité à la vapeur.
R : résistance au passage de la vapeur d'eau, R = épaisseur/π, en gramme par m2 par heure par mm de mercure. Plus R est élevé plus la résistance est forte.
P : perméance, inverse de la résistance, P = 1/R.

En Europe :

μ, est une donnée constante pour chaque matériau. Plus μ est élevé, plus la résistance est grande.
Sd, la résistance du matériau ou l'« épaisseur équivalent lame d'air » est le produit de l'épaisseur du matériaux par μ. La valeur « lame d'air » doit être décroissante en allant de l'intérieur vers l'extérieur du mur.

La norme allemande DIN 4108 impose :

Sd du matériau extérieur à l'isolant (pare-pluie) < 0,3 m
Sd du matériau intérieur à l'isolant > 2,0 m
Sd du matériau intérieur à l'isolant > 6 × Sd matériau extérieur à l'isolant.

 

article issu du numéro n°23 | voir le numéro | s'abonner à Habitat Naturel

Un article que nous dédions à la mémoire de Patrick Fournier,
qui a étroitement collaboré à la réalisation de cet article.


Crédits :

- Ampack (Films respirants - négoce) 10, Rue Montrieux 25300 Pontarlier - Tél. : 03 81 39 20 45
- Artech Architectes, Yvon Serres 4070 rte Neufchâtel 76230 Bois Guillaume - Tél. : 02 35 60 55 95- www.artech-archi.fr
- Atelier d'Architecture de la Grippelotte / Francine Henrotte, Rue de la Grippelotte, 12, 1325, Chaumont-Gistoux,
Belgique - Tél. : 00 32 10/689341
- Entreprise Merlot 10, rue du Champ des Bords - 86100 Châtellerault - Tél. : 05 49 21 16 49
- P. Fournier
- Jean-Pierre Oliva, L'isolation écologique, Terre Vivante
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écrit par Gwenola Doaré