Ebénisterie : comment se protéger des produits

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Ebénisterie : comment se protéger des produits
Allant du façonnage à la finition, en passant par l'assemblage, chaque étape jalonnant l'intervention des travailleurs du bois les expose à des risques professionnels de diverses natures. Puisque leur quotidien est rythmé par l'utilisation de machines de bois, d'outils manuels ou portatifs mécaniques dangereux, leurs yeux aussi bien que leurs membres s'exposent à tout moment à des blessures dont la gravité peut être conséquente. À tout cela s'ajoutent le bruit intense favorisant la baisse de l'acuité auditive, les postures de travail contraignantes et la manutention d'objets pouvant aboutir à des troubles musculo-squelettiques, les vibrations des outils qui sont à l'origine d'effets pathologiques sur le membre supérieur (épicondylite, épitrochléite, ostéonécrose…) et l'empoussièrement du poste de travail exposant les ouvriers à des agents cancérogènes. Les risques professionnels auxquels les ébénistes sont confrontés tous les jours sont nombreux, mais en l'occurrence, nous allons surtout nous focaliser sur ceux liés à la manipulation de produits en tout genre, notamment lors du vernissage, du collage et du traitement du bois, ainsi que les bonnes pratiques à adopter pour s'en prémunir.

Quels sont les risques inhérents à l'utilisation de produits pour ébénisterie ?

Un ébéniste, qu'il soit rattaché à une entreprise ou indépendant, ou tout simplement un passionné du travail du bois, est avant tout un artisan du bois. Il a pour mission la création et la rénovation de meubles en bois en tout genre (armoires, tables, meubles de rangement, commodes…) ainsi que des boiseries. Pour mener à bien son travail, il allie sensibilité artistique, respect des traditions et dextérité manuelle. C'est une personne qui aime créer des objets ou des meubles en travaillant ce matériau noble, et construire une commode ou un plan de travail pour sa propre maison par exemple.

Cependant, ce travail du bois expose à des conditions particulièrement inconfortables et à différents risques professionnels. Parmi ces derniers figurent principalement ceux liés à l'utilisation de certains produits, et qui peuvent constituer un certain danger. Dans cette optique, l'ébéniste ou le passionné du bois est amené à manipuler une multitude de produit pour ébénisterie permettant de protéger les meubles en bois, les réparer ou parfois les rénover en rebouchant les éventuels trous et fissures de surface. Certains d'entre eux se réservent à l'étape de la finition et du traitement.

Toutes les personnes qui aiment bricoler et travailler le bois peuvent aussi être exposées à certains risques lorsqu'elles rénovent des meubles en bois par exemple. Les produits pour ébénisterie sont accessibles à tous, et pas seulement aux professionnels, c'est pour cela qu'il est important de savoir se protéger correctement lorsqu'on manipule ces produits chez soi.

Les produits pour ébénisterie les plus courants sont entre autres les vernis, vitrificateurs, peintures, huiles, cires, décapants, dégraissants, détachants, décireurs, éclaircisseurs, bitumes, enduits…

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Les risques pour la santé de l'ébéniste

Que ces produits soient appliqués manuellement, à l'aide de pinceaux, par autoclave, par trempage ou par pulvérisation au pistolet, les COV (Composés Organiques Volatils) que contiennent certains d'entre eux peuvent à tout moment être inhalés par inadvertance. Aussitôt aspirés, ils s'immiscent dans les poumons, dans le système sanguin, dans le cœur et dans le système nerveux. L'ébéniste peut alors être atteint d'irritations (de la gorge, des yeux…), d'infections respiratoires, de troubles digestifs, cardiaques ou encore du système nerveux.

Pour ce qui est des vernis aux polyuréthanes plus particulièrement, ces produits renferment des isocyanates qui, une fois inhalés ou en contact avec la peau, entraînent des blépharoconjonctivites, pneumopathies d'hypersensibilité, allergies (eczéma, asthme…), etc.

Les risques d'incendie ou d'explosion

Outre les impacts sur la santé de l'ébéniste, certains produits de la catégorie ébénisterie, notamment ceux contenant des COV, émettent des vapeurs combustibles plus lourdes que l'air qui, une fois en contact avec une importance source de chaleur, peuvent s'enflammer, voire exploser au-delà d'une certaine densité. Force est donc d'admettre que l'utilisation de produits contenant des substances chimiques peut, à elle seule, montrer à quel point le travail du bois peut être risqué si l'on ne prend pas ses dispositions. Heureusement, ce ne sont pas les moyens de se protéger de ces produits qui manquent. Ces équipements sont d'ailleurs recommandés aussi aux personnes non professionnelles qui aiment travailler le bois.

Porter des équipements appropriés pour se protéger des produits

Pour se prémunir des différents risques liés à l'utilisation de produits pour ébénisterie, le premier réflexe que tout ébéniste ou personne manipulant du bois doit adopter est de privilégier les EPI (équipements de protection individuelle) appropriés. Si l'artisan exerce au sein d'une entreprise, ces équipements doivent lui être fournis gratuitement par son employeur, comme l'exige l'article R. 4325-95 du Code de travail. Puis, conformément aux articles R. 4325-95 et L. 4122-2 du même Code, les EPI doivent être entretenus en état de conformité sans entraîner des charges financières pour l'artisan.

Dans le cas contraire, si l'ébéniste agit en indépendant, ou bien s'il s'agit d'une personne qui rénove un meuble en bois par exemple, il doit lui-même faire l'acquisition des EPI appropriés. Dans tous les cas, voici les équipements de protection individuelle dont tout ébéniste a réellement besoin pour se mettre à l'abri des conséquences engendrées par les produits chimiques.

Gants de protection normés

Tout d'abord, il n'existe aucun gant de protection universel, et tous les modèles proposés sur le marché ne conviennent pas forcément tous aux ébénistes. Ainsi, avant d'en faire l'acquisition, il convient de porter une attention particulière à la norme à laquelle répondent les gants de protection choisis ainsi qu'à ses caractéristiques techniques. Pour accéder à ces informations, il suffit de faire attention aux pictogrammes se trouvant sur le modèle ou sur son emballage de conditionnement. Grâce à ces informations, on peut facilement découvrir la catégorie de risques contre laquelle l'EPI protège son utilisateur, mais aussi vérifier sa compatibilité au métier de ce dernier.

Pour les travaux courants d'ébénisterie et de menuiserie, les gants de protection répondant à la norme EN 388 et EN 374 sont préconisés. La première norme atteste de la protection contre les risques mécaniques que l'EPI offre à son utilisateur. Les gants EN 388 résistent autant à l'abrasion (4 niveaux) qu'à la coupure par tranchage (5 niveaux), à la déchirure (4 niveaux) et à la perforation (4 niveaux).

Quant à la seconde norme, il s'agit des gants de protection qui offrent une protection optimale contre les risques chimiques et microbiologiques. La norme EN 374 se décline en 3 niveaux, dont le troisième est fortement recommandé lorsque l'on exerce le métier d'ébéniste :

  • EN 374-1 : étanchéité à l'eau, à l'air et aux substances chimiques peu dangereuses. Les gants qui répondent à cette norme doivent être remplacés lorsqu'ils ont été souillés par le produit ;
  • EN 374-2 : étanchéité (d'au moins 30 minutes) à l'eau, à l'air ainsi qu'aux bactéries, micro-organismes et champignons ;
  • EN 374-3 : étanchéité (d'au moins 30 minutes) à l'eau, à l'air, aux bactéries, micro-organismes, champignons et produits chimiques.

Il convient de s'assurer que le modèle choisi réponde aussi à la norme EN 420 qui définit les exigences générales des gants de protection : respect des tailles, dextérité, marquage, innocuité, composition, informations utilisateur sur notice d'instruction.

Masque de protection respiratoire adapté

Afin d'éviter d'inhaler les vapeurs des produits utilisés aussi bien que la poussière ambiante et se protéger des différents risques en découlant, tout ébéniste doit porter un masque de protection respiratoire. Là encore, le choix ne doit en aucun cas être laissé au hasard puisqu'en fonction du contaminant concerné, les masques de protection respiratoire doivent être adaptés et étudiés. Pour le cas des ébénistes, les protections suivantes sont préconisées :

  • Protections de type FFP2 : ces équipements protègent l'artisan contre les poussières et aérosols toxiques. Leur capacité de filtration est d'au moins 94 % et leur taux de fuite toléré vers l'extérieur est de 8 %. Ces masques sont identifiables par leurs élastiques bleus ou blancs et par le fait qu'ils sont dépourvus de valve ;
  • Protections de type FFP3 : en plus de protéger leur porteur contre les poussières et aérosols toxiques, ils ont la capacité d'arrêter les particules très fines qui peuvent être cancérigènes ou radioactives. Leur capacité de filtration est d'au moins 99 % et leur taux de fuite toléré vers l'extérieur est de 5 %. Ils sont reconnaissables par leurs élastiques de couleur rouge ainsi que par leur valve.

Ces deux protections étant basiques, on peut s'orienter vers les solutions suivantes si l'on souhaite aller plus loin en matière de protection :

  • Masques FR EN 136 classe 2 dotés d'un filtre A2 B2 P3 ou A2 P3 pour les opérations de vernissage ou l'application de produits vitrificateurs ;
  • Masques ou demi-masques équipés d'un filtre EN 14387/A1 pour l'application de colles hautement irritantes ;
  • Masques ou demi-masques EN 14387/A1 classe 2 pour les opérations de traitement de bois.

Produits d'ébénisterie : comment prévenir les risques d'incendie et d'explosion ?

Pour ce faire, il ne faut stocker ses produits chimiques que dans des armoires de sécurité, ou encore dans des locaux dédiés à l'entreposage de tels produits. En ce qui concerne les armoires, celles-ci doivent idéalement comporter des éléments de rétention pouvant empêcher les fuites éventuelles de liquides toxiques et polluants. Les locaux doivent quant à eux être fermés hermétiquement, ventilés et à l'abri de l'humidité ainsi que de la chaleur. Le mieux est de l'équiper d'un système VMC (ventilation mécanique contrôlée).

On doit s'assurer que sa cabine de vernissage soit suffisamment ventilée pour éviter qu'une atmosphère explosive ne se forme durant les opérations de vernissage et pour que les valeurs limites d'émissions de COV soient respectées. Enfin, il faut s'interdire de fumer ou de générer ne serait-ce qu'une petite étincelle.

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