L’épuration de l’air intérieur par les plantes

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L’épuration de l’air intérieur par les plantes
L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, l’ADEME et la Faculté de Pharmacie de Lille ont établi une synthèse sur les éventuelles capacités des plantes à améliorer la qualité de l’air intérieur. Le tout, sachant que nous passons près de 90 % de son temps dans des espaces clos….

Les sources de polluants sont multiples : appareils de chauffage et de cuisson, tabagisme, produits d'entretien, matériaux de construction, de décoration, de bricolage et d'ameublement... Les contaminants biologiques et physiochimiques qui se retrouvent dans l'air sont susceptibles d'avoir des impacts plus ou moins forts sur votre santé. Pour diminuer rapidement la concentration de ces polluants, il existe quelques gestes simples : ne pas fumer à l'intérieur, entretenir ses appareils de chauffage, limiter l'utilisation de bougies, bien choisir ses matériaux et bien sûr, aérer (ouvrir les fenêtres au moins 10mn en grand tous les jours) et disposer d'un système de ventilation efficace. Mais aujourd'hui, une nouvelle solution fait de plus en plus parler d'elle : l'épuration de l'air intérieur par les plantes. L'Observatoire de la qualité de l'air intérieur a donc souhaité faire le point sur les connaissances scientifiques en termes d'épuration de l'air par les plantes et a réuni les principaux acteurs impliqués dans cette problématique.

Les travaux de laboratoire menés au niveau international confirment les capacités épuratrices intrinsèques des plantes et quelques rares travaux ont montré qu'à l'échelle de l'habitation, la présence de végétaux peut entraîner une diminution de la concentration de certains COV. Mais les résultats montrent le plus souvent un rendement très faible par rapport aux niveaux de pollution rencontrés dans l'environnement intérieur, comme le démontrent les conclusions suivantes, tirées du rapport « L'épuration de l'air intérieur par les plantes, juin 2010 », OQAI-ADEME-Faculté de Pharmacie de Lille.

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PHYTAIR

  • Le programme de recherche français PHYTAIR a pour objectif de construire un protocole scientifique d'évaluation objective de l'épuration de l'air intérieur par les plantes. Il a pour ambition de déterminer la capacité d'épuration des plantes placées dans des conditions réalistes.

Epuration de l'air et physiologie

La capture des polluants par les plantes peut avoir lieu soit au niveau du système foliaire, soit au niveau du système racinaire. Les études sur la physiologie des plantes ont montré que, au fil du temps, on pouvait observer une saturation de l'accumulation des polluants. Les caractéristiques d'ambiance des milieux intérieurs ne sont pas favorables à l'accumulation des polluants par les plantes et le mode d'entretien des végétaux par leurs propriétaires ne favorise bien souvent pas leur fonctionnement optimal. Les études menées sur la physiologie du système foliaire des végétaux montrent que ces derniers possèdent intrinsèquement de réelles capacités à capter les polluants atmosphériques, notamment au moyen de leur feuillage. L'utilisation directe des feuilles des plantes pour épurer l'air ambiant dans les espaces intérieurs semble toutefois trop limitée pour être concrètement applicable, autrement dit pour obtenir des résultats mesurables à l'échelle des volumes considérés en condition réelle.

Synthèse

L'analyse de l'état actuel des recherches menées par les différents laboratoires en France et à l'étranger sur les capacités épuratrices des plantes permet de mettre en évidence un certain nombre de convergences sur les résultats obtenus. Des questions restent cependant encore en suspens.

La plupart des travaux ont été conduits en laboratoire. Très peu d'études ont été réalisées à l'échelle de l'habitation

Les éléments qui font consensus

Concernant l'efficacité des plantes en termes d'épuration :

  • en laboratoire, les plantes possèdent des capacités d'abattement avérées vis-à-vis de polluants gazeux. Ces études en enceintes expérimentales sont réalisées à des concentrations supérieures à celles rencontrées dans l'air intérieur, sur des substances seules et pendant des durées limitées.
  • l'ensemble substrat/racine/plante possède une action plus efficace que la plante (feuille) seule.
  • les rendements d'épuration observés lors de l'utilisation de plantes en pot dans des espaces réels restent faibles, ne permettant pas une épuration efficace des volumes d'air des bâtiments.
  • les dispositifs « dynamiques », basés sur le passage forcé de l'air pollué à travers le substrat des plantes (systèmes de biofiltration) semblent les plus prometteurs.
  • l'utilisation d'étiquettes mentionnant les vertus dépolluantes de certaines plantes vendues dans le commerce est prématurée à ce jour.

Les questions en suspens

  • il reste difficile de dimensionner le nombre de plantes ou de systèmes dynamiques de biofiltration au m2 nécessaires à l'élimination efficace des polluants dans une pièce.
  • une évaluation normalisée de l'efficacité et de l'innocuité des systèmes de phytoremédiation est à mettre en place. Elle est nécessaire pour tous les types de systèmes proposés pour assainir l'air intérieur. Une norme AFNOR est actuellement en préparation en ce sens pour les épurateurs d'air autonomes pour applications tertiaires et résidentielles (XP B44-200).
  • la maintenance des épurateurs d'air est capitale afin de conserver leur niveau de performance initiale. Elle demeure néanmoins un réel problème sur le plan pratique. Ces questionnements se posent également pour les systèmes de biofiltration.
  • l'éventuelle contribution des plantes elles-mêmes aux émissions de polluants à l'intérieur des locaux est encore peu étudiée.
  • la biosurveillance végétale, i.e. l'utilisation des effets des polluants observés sur les plantes pour évaluer la toxicité de l'air, est un outil prometteur à développer dans le domaine de l'air intérieur. Elle pourrait constituer un indicateur de la qualité de l'air intérieur, en complément de l'utilisation des éventuelles propriétés épuratrices des plantes.
Source et le dossier complet :
Rapport « L'épuration de l'air intérieur par les plantes, juin 2010 »,
OQAI-ADEME-Faculté de Pharmacie de Lille
Les actes de la journée technique du 6 mai 2010 sont disponibles sur le site www.air-interieur.org